De consignes, de cadre, de direction. Et tout est presque dit. A l’inverse de la Belgique, notre ministère ne s’est livré qu’à une injonction, la continuité pédagogique. L’organisation de celle-ci comme de la vie a été renvoyée aux établissements. En deux semaines, on durcit, jusqu’à ce que la porte parole du gouvernement lâche que les profs ne travaillent pas !
Et, les CPE ? La seule question est, comment préserver le lien et rassurer les élèves et leurs familles ? D’abord s’occuper des plus fragiles, me direz-vous.
La fracture sociale est bien là et prégnante : il y a confinement et confinement. Qu’il soit géographique ou plus ou moins bien perçu, son dernier mot reste l’étendue désastreuse de la rupture d’égalité entre classes sociales. La réalité d’un certain « confinement » dans l’école apparaît bien de manière positive : l’égalité n’existe qu’en présentiel, la classe est essentielle, la présence dans l’établissement indispensable.
Un type d’absence que nous connaissons bien se dessine en creux. Croire qu’il faut continuer à gérer la connexion de l’élève – sa présence ?- à distance relève de … on ne sait pas bien quoi. Tout est trop inédit. Les élèves et les personnels ne sont pas sensés être culpabilisés, passer des heures au téléphone, en ne comprenant pas vraiment l’utilité des dispositifs parfois très contraignants inventés par certains chefs d’établissement. Sans parler de la masse de travail toujours si importante pour les élèves en l’absence de coordination et de consignes claires et cadrantes de la part du ministre, par la rectrice. Des AED et CPE sommés de se rendre dans leur établissements au 10e jour pour des tâches administratives… ça existe !La question est posée de la continuité démagogique !
Notre inspections, par le biais des coordonnateurs ZAP, ne préconise rien, mais lance une enquête sur ce qui se fait, la posture des CPE et leurs activités. Étonnant ! Drôle d’inversion des positions. On aimerait que cela soit fait sur le temps de travail, les conditions de travail, la formation… et qu’il soit tenu compte de l’avis des collègues.
En revanche, si l’absence de consignes rassurantes pour tous est bien là, l’application d’autres consignes ne faiblit pas. Ainsi, l’académie de Bordeaux qui prélevait 2 journées de grève par mois en cas de mouvement social ne peut plus le faire – et dire que l’autonomie pour profiler à tout va, expérimenter n’importe quoi, elle existe bien. Notre ancien recteur continue à tout va dans l’académie de Lyon. Les logiciels ont bon dos. Ce sont eux qui donnent le la – et quand il s’agit de MOSART, cela pourrait nous faire rire.
Le fait est qu’il y a de quoi s’interroger sur « l’obligation » faite à notre académie, à cause d’un logiciel, « mosart » qui compte les grévistes, de prélever le quart d’un salaire. On durcit, on durcit pendant le confinement !
Quant aux inégalités, de prises en charge, de traitements des situations, elles seront et continueront à être renvoyés à la responsabilité des établissements.
Et bien, faisons de cet après Corona, qui ne manquera pas de venir, un temps d’interrogation sur les moyens, les conditions d’exercice, et nos pratiques. Reprendre la main sur le cadre, redire nos besoins pour des fonctionnements acceptables, balayer les tentatives de management outrancier pouvant existe ici ou là, aller jusqu’au bout de notre position de fonctionnaire concepteur de son action, telle sont demain, nos obligations professionnelles, au service des familles et nos élèves !
En attendant, courage à toutes et tous !
T. VITORINO