Déclaration FSU
CALR du Rectorat de l’Académie de Bordeaux
Vendredi 4 février 2022
Madame la Rectrice,
Mesdames et Messieurs les membres de la CALR,
Nous attendions avec impatience la circulaire qui pourrait atténuer, voir résoudre, le désordre provoqué par la lamentable censure par le Conseil constitutionnel de l’enseignement immersif, méthode pédagogique qui avait pourtant fait ses preuves depuis 40 ans sans mettre en danger les fondements de la République, méthode qui d’ailleurs sauve le français au Québec et qui est employé par les lycées français à l’étranger !
Si cette nouvelle circulaire est par certains points positive en essayant entre autres choses de contourner la censure du Conseil Constitutionnel elle nous semble trouver cependant des limites.
En effet rien n’empêche le Conseil constitutionnel d’attaquer à nouveau l’immersif pour inconstitutionnalité au nom d’une analyse idéologique et non juridique ni historique de l’article 2 de la Constitution qui dit que « La langue de la République est le français ».
De plus la circulaire donne l’impression que les possibilités ne manquent pas mais cependant tout demeure facultatif pour l’Éducation Nationale, aucune obligation ne lui étant faite.
Deux éléments importants sont notamment absents pour que l’enseignement-apprentissage des langues régionales puisse fonctionner mieux :
- les moyens (en postes créés aux concours, en heures postes dans les DHG pour assurer la continuité de la primaire à l’université, etc.)
- la possibilité pour tous les élèves de la voie technologique d’étudier une langues régionales et la possibilité de composer en langues régionales certaines épreuves au Bac.
Par ailleurs, la phrase « les mesures prises concernant les langues régionales sont donc associées autant que possible aux actions réalisées dans le cadre du plan langues » fait doucement sourire : quand on voit que le plan langues vivantes du ministère se résume à développer partout l’anglais et les certifications d’organismes marchands, on comprend pourquoi il est écrit « autant que possible » car rien ne peut être plus éloigné de la diversification que la politique linguistique menée actuellement !
Enfin la circulaire ne donne toujours pas de statut aux langues régionales et une place spécifique dans l’enseignement comme patrimoine, ce qui les condamne en les laissant systématiquement en concurrence avec d’autres matières. Elle ne prend pas plus en compte la loi Molac et ne prévoit pas du tout sa mise en œuvre alors que c’est, avec la possibilité d’une offre pour tous les élèves, l’avancée majeure de la loi1.
Pour la FSU, les représentants des personnels :
Cécile Senderain, Martial Peyrouny, Kei McGregor
1 : Article 7 de la LOI n° 2021-641 du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, dite « Loi Molac » :
La section 4 du chapitre II du titre Ier du livre III du code de l’éducation est complétée par un article L. 312-11-2 ainsi rédigé : « Art. L. 312-11-2.-Sans préjudice de l’article L. 312-11-1, dans le cadre de conventions entre l’Etat et les régions, la collectivité de Corse, la Collectivité européenne d’Alsace ou les collectivités territoriales régies par l’article 73 de la Constitution, la langue régionale est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées sur tout ou partie des territoires concernés, dans le but de proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves. »