Protocole sanitaire :
La pandémie et son nouveau variant delta ont encore assombri la rentrée scolaire. D’autant plus que le ministre a tenu de multiples discours contradictoires pendant l’été, entretenant le flou sur le protocole et publiant très tardivement sa FAQ. Encore une fois, les personnels auront à faire tenir seuls le service public d’éducation, au prix d’efforts toujours plus importants et d’un épuisement grandissant, sans parler de la pénibilité liée au port du masque. La pénurie budgétaire orchestrée par le gouvernement depuis plusieurs années n’offre pas d’autres choix. La puissance publique n’est plus en capacité de mettre en place une politique sanitaire et scolaire ambitieuse. Un sous-investissement chronique a rendu le bâti scolaire vétuste et les personnels des équipes pluriprofessionnelles font cruellement défaut. L’école aurait pourtant un rôle fondamental à jouer comme elle a pu le faire par le passé dans la prévention et la vaccination.
Aggravation du rythme et de la logique des réformes :
Sans aller jusqu’à parler d’effet d’aubaine, la crise sanitaire semble être l’occasion pour le gouvernement d’accélérer et imposer ses réformes sans en modifier la logique. Car la pandémie seule n’explique pas les difficultés majeures auxquelles nous sommes confrontés. Celle-ci se conjugue à quatre années de politique néolibérale agressive dont la cascade de réformes génère un grand désordre quotidien en collège comme en lycée dont l’action est de plus en plus jugée sur la base de performances quantifiables. L’autonomie tant vantée rime plutôt avec abandon des élèves issus des familles les plus pauvres et renoncement au service public d’éducation. Le fonctionnement des établissements ne peut être assimilé à une start-up dont on évalue en permanence la valeur ajoutée.
La gestion locale mise en avant par le ministère est systématisée et englobe une partie grandissante de l’organisation des établissements, et depuis peu, 40 % de la note finale du baccalauréat. Mais elle s’accompagne en réalité d’une volonté de déposséder les enseignants du cœur de leur métier. A ce titre le dernier « projet local d’évaluation » représente une nouvelle attaque dangereuse de notre liberté pédagogique, une nouvelle opportunité pour les injonctions managériales des inspecteurs et des directions d’établissement. Enfin, elle nous place en porte-à-faux vis-à-vis des élèves et des familles.
La création précipitée du dispositif « professeur référent » pour palier à l’éclatement du groupe classe suite à la réforme du lycée, la multiplication des évaluations en langue, la confusion concernant la discipline non linguistique (DNL) en sections européennes et langues orientales (SELO) et hors SELO ou les nouvelles dispositions concernant les LCA symbolisent à leur échelle une forme de fuite en avant délétère pour nos métiers.
L’arnaque du Grenelle :
Ce ne sont pas les dernières annonces de revalorisation salariale qui nous rassurerons sur les ambitions du gouvernement en matière d’éducation. Un an après les premières déclarations médiatiques, le bilan est révélateur : des promesses non tenues et des annonces qui sont loin de compenser le déclassement salarial de nos professions. L’absence de loi de programmation notamment marque le renoncement à engager une réelle dynamique de revalorisation. Les belles paroles masquaient mal les vrais enjeux du Grenelle : des ateliers ouverts à la société civile (novembre/décembre 2020), une conférence internationale sur ce que doit être « l’enseignant du 21e siècle » (qui vire au fiasco technique) et enfin des feuilles de route RH académiques dont certaines révèlent des véritables dangers pour nos métiers, s’inscrivant dans une dérive managériale plus que problématique.
A cela se rajoutent les déclarations du candidat Macron à Marseille. Très éloignées des enjeux, elles recyclent des mesures qui ont déjà fait la preuve de leur inefficacité et dynamitent les statuts. Elles augurent également de la fin programmée d’une politique nationale de l’éducation prioritaire. Le « quoi qu’il en coûte » aux entreprises et le « coûte que coûte » pour les économies sur le dos des services publics et ses usagers, voilà qui sonne comme le slogan de la prochaine campagne présidentielle…
Absence de dialogue social :
Le ministre ne s’adresse plus à ces personnels mais se répand dans la presse. Plus préoccupé de sa carrière politique, qu’il a choisie d’axer dernièrement sur la stigmatisation des classes populaires, il n’apporte toujours aucune réponse à nos demandes répétées d’aménagement de programmes et de collectif budgétaire pour mieux accompagner la difficulté scolaire accentuée par la crise sanitaire.
Le ministre entérine donc les inégalités sociales et de territoire sans jamais dresser de bilan de son action. Se faisant, il se désengage de ses responsabilités et reporte les échecs de sa politique sur les personnels ou les familles selon les cas qui l’arrangent. L’expertise des personnels est niée. Sous couvert d’un joli vernis démocratique, les choix condamnables du gouvernement s’accompagnent de dérives autoritaires quand il s’agit de les mettre en œuvre.
Il réduit ainsi les prérogatives des élu.es des conseils d’administration après avoir massivement mis en cause le cadre du paritarisme. Pour l’actuel gouvernement, la démocratie constitue souvent un handicap pour gérer les crises ou les conflits sociaux. Il préfère instaurer un état d’urgence, légiférer par ordonnances ou remettre en cause les libertés individuelles. Force est de constater aujourd’hui que le dialogue social est au point mort.
Formation initiale et nouveaux concours :
La rentrée 2021 correspond à une grande cacophonie à l’INSPE. S’y côtoient, parfois dans les mêmes salles de cours, des étudiants du nouveau M1 MEEF (qui ne préparent plus le concours), les M1 MEEF AED en pré-professionnalisation qui sont présents 8 heures dans les établissements, mais aussi les M2 MEEF fonctionnaires stagiaires déjà lauréats du concours, les M2 MEEF qui préparent les concours et qui ont une alternance de 6 heures par semaines en établissement, ainsi que ceux qui n’ont pas de contrat d’alternance... Ce sont de nouvelles situations de précarité et de responsabilité de classe pour des contractuels instaurés par les réformes de la formation. Tout cela dans le but de supprimer à nouveau la formation initiale pour une majorité de stagiaires qui reviendrait à temps plein. Il faut en effet atténuer autant que possible pour le ministère les lacunes du recrutement et la fermeture massive de postes.
Le dernier congrès académique du SNES-FSU avait affirmé la nécessité de s’adresser aux tuteurs et de réinvestir progressivement cette mission afin d’être au plus proche de ces nouveaux publics pour faire du SNES l’interlocuteur principal de celles et ceux qui subissent des réformes mal préparées et en cours d’ajustement. Nos présences régulières à l’INSPE doivent nous permettre d’être expert des conditions des stagiaires et être force de proposition pour transformer ces dispositifs et réaffirmer la pertinence de nos mandats pour sécuriser véritablement et démocratiser l’accès à nos métiers.
PsyEN :
Au vu de leur titre de Psychologue, les PsyEN sont soumis à l’obligation vaccinale d’après la loi du 5 août 2021 contrairement à ce qu’assurait le cabinet du ministère en juillet. L’obligation vaccinale pour tous les psychologues indépendamment de leurs conditions d’exercice et à l’identique de ce qui a été décidé pour les personnels médicaux et paramédicaux est totalement incohérente. A titre informatif les psychologues exerçant à la PJJ ou à la protection de l’enfance en sont exemptés par leur ministère de par la réalité de leurs conditions d’exercice. Le 08/09, en audience, le SNES-FSU a défendu la particularité d’exercices des PsyEN mais le DGRH a expliqué qu’il n’y aurait aucun assouplissement ; une note sortira au BO la semaine prochaine.
Veut-on les assimiler aux personnels de santé ? Cette mesure fait n effet écho aux différentes attaques visant les PsyEN pour les rapprocher d’un service de santé scolaire, qui pourrait en plus, avec la loi 4D, les rattacher aux départements. Les PsyEN appartiennent aux personnels de l’EN et travaillent au sein d’établissement en lien avec les équipes éducatives, pédagogiques et de santé mais ne sont pas des personnels de santé.
Pire sur Bordeaux, la note demande aux DCIO d’exercer le contrôle de l’obligation vaccinale alors que le ministère précise bien qu’il s’agît d’une compétence de l’employeur. Le 08/09 en CHSCTA, le SNES-FSU a obtenu que les collègues puissent ainsi passer par les ressources humaines et non les DCIO.
Nous rappelons également que malgré une augmentation importante du nombre d’élève et malgré la priorité donnée par le ministère à l’inclusion des élèves et aux conséquences de la pandémie, les PsyEN devront se contenter des remerciements vidéo... Il n’y a eu aucune création de postes de PsyEN dans l’académie de Bordeaux depuis au moins 10 ans. Les conditions d’exercices se dégradent d’année en année. Parallèlement le recrutement au concours baisse avec pour conséquences une augmentation des personnels contractuels.
AESH :
L’été a été marqué par une micro avancée pour les AESH, l’instauration, à compter de septembre 2021 d’une nouvelle grille indiciaire à avancement automatique.
C’est un début mais c’est loin de répondre aux revendications portées par SNES-FSU FSU et les AESH.
Elle n’éloigne en rien ces personnels du seuil de pauvreté et n’améliore nullement les conditions de travail.
Les revendications du SNES-FSU restent inchangées :
• une réelle augmentation des salaires,
• la création d’un corps de fonctionnaire,
• des améliorations significatives des conditions de travail,
• des formations à la hauteur des missions confiées.
A la rentrée, certain.e.s AESH étaient en attente d’affectations. Nous déplorons les retards de ces affectations et le manque d’anticipation de l’administration. Bien souvent les besoins sont connus en avance, il est demandé à ce personnel précaire, encore et toujours une forte adaptabilité liée à des manquements administratifs. Le SNES-FSU Bordeaux renouvelle sa demande que les affectations soient connues avant le début des grandes vacances scolaires afin d’anticiper la rentrée professionnelle et personnelle. Il est urgent que toutes et tous les AESH aient une adresse électronique professionnelle.
La généralisation des PIAL en cette rentrée se fait au détriment des conditions de travail des AESH :
• mutualisation des moyens.
• aggravation des conditions de travail ( accompagnement de plus d’élèves et intervention dans plusieurs établissements)
Dans l’attente de la suppression des PIAL, il faut obtenir de l’administration des aménagements dans l’organisation du travail des AESH comme par exemple limité le nombre d’élèves à 2. Ces discussions doivent avoir lieu dans le cadre du groupe de travail que nous réclamions déjà l’année passée.
C’est pourquoi, il est important que la journée de grève des AESH du 19 octobre à l’appel notamment du SNES-FSU soit une réussite. Les syndiqué.e.s doivent être informé.e.s de la possibilité de bénéficier de la solidarité syndicale.
Le SNES-FSU doit continuer d’animer des réunions syndicales pour les AESH dans lesquelles la parole est facilitée et d’aller à leur rencontre dans les établissements pour les sortir de leur sentiment d’isolement. La CAA de Bordeaux renouvelle à ce titre sa demande que toutes les salles de professeur.es soient rebaptisées en “salle des personnels” afin de faciliter l’intégration des AESH aux équipes pluriprofessionnelles. Le SNES-FSU appelle les syndiqués, notamment par le biais des S1, à se rapprocher des AESH pour les inviter à participer et réussir les actions S3 et S2.
Cela doit conduire à enrichir nos revendications permettant la reconnaissance et l’amélioration de leur condition de travail.
Retraité.es :
Constatant, avec les secrétaires de la plupart des syndicats de la FSU, les difficultés de syndicalisation, Benoît Teste soulignait il y a quelques jours le risque de la perte du véritable sens de revendications fondamentales comme la défense de la Sécurité Sociale, les retraites ; sur ce qu’est un salaire, un traitement, un impôt, une cotisation sociale. D’autre part, il soulignait le fait que, dans les syndicats, ce sont surtout les retraités qui défendent sur le fond ces acquis fondamentaux des conquêtes sociales. Il est vrai que le niveau des attaques de Blanquer contre l’Education, la disparition des commissions paritaires, accablent les sections syndicales des actifs, déjà affaiblies. Puisque nous étions entre nous en réunion des responsables académiques des retraités du SNES-FSU, Sophie Vénétitay ajoutait le 6 septembre que les retraités du SNES prenaient très majoritairement en charge ces problèmes au sein de la FSU.
Benoît Teste a envoyé aux syndicats un courrier où il propose la création d’un groupe actifs/retraités sur le sujet. Le CDFN devait se prononcer le 13 et le 14 sur cette proposition.
Pour ce qui concerne la syndicalisation, le nombre de syndiqués retraités au SNES dans notre académie est plutôt stable.
Ce qui n’empêche pas, au contraire, d’accentuer les efforts pour tenter de ne pas perdre nos syndiqués quand ils partent en retraite. Nous ferons des propositions à ce sujet.
Enfin, le CDFN devait également donner un coup de pouce à l’existence de sections fédérales départementales de retraités. Ce qui n’est généralement pas facile, car les autres syndicats n’ont pas comme nous une solide organisation de leurs retraités.
Dans la logique de la perte de sens signalée, il faudrait organiser des stages syndicaux sur ces sujets, au niveau académique et dans les S2.
Dernière remarque : un arc syndical très large : le groupe des 9 et le Pôle des retraités appellent à une journée nationale d’action, de revendications et de manifestations le 1er octobre prochain à l’occasion de la journée de défense des retraités. Nos sections de retraités ont été très actives dans les intersyndicales des départements de l’académie. Les S2 peuvent inviter leurs adhérents qui n’ont pas cours ce jour-là, à venir soutenir leurs camarades retraités dans les manifs.
Action :
Face à ce bilan et aux multiples inquiétudes sur la dernière année du quinquennat, le SNES-FSU doit rester combatif malgré les difficultés actuelles. Il doit s’engager pleinement dans les mobilisations à venir.
La journée de grève du 23 doit clairement être présentée comme la 1re étape des journées qui suivront. Nos publications, envois aux établissements et HIS doivent au maximum articuler les difficultés que traversent chaque personnel à l’échelle de sa catégorie avec des problématiques éducatives plus générales.
La mobilisation des retraité.es le 1er octobre et celle des AESH le 19 trouvent pleinement leur place dans ce cadre. Elles aideront à assurer la transition avec la journée de mobilisation interprofessionnelle du 5 octobre, sans craindre de voir se « diluer » dans l’espace médiatique nos revendications pour l’éducation.
La place centrale des services publics en temps de crise sanitaire est en effet apparue clairement comme en 2008. Une mobilisation réussie permettra de réimposer nos thématiques dans les médias et de reconstruire un mouvement audible et un rapport de force à même de peser dans le débat présidentiel. Ce mouvement doit permettre d’imposer la question d’un plan d’urgence pour les services publics en général et celui de l’éducation en particulier (rémunérations mais aussi moyens, statuts, conditions de travail, tous dégradés par les récentes réformes).