Une nouveauté qui dégrade le service public d’éducation.
Ce dispositif instauré en juin 2020 et appelé à être repris à la rentrée scolaire a vocation à accueillir sur le temps scolaire les élèves ne pouvant pas être pris en charge par les enseignants en raison des dédoublements imposés par le protocole sanitaire Covid. Ainsi, pendant qu’un groupe a cours, les autres élèves ont droit à diverses activités des domaines du sport, de la santé, de la culture et du civisme. Ces 2SEC sont placées sous la responsabilité communale (ou intercommunale).
C’est là une façon de répondre à la situation créée par un protocole sanitaire contraignant sur le nombre d’élèves accueillis… passagère et transitoire et destinée à disparaître dès qu’un retour à une fonctionnement « normal » sera possible. Le problème est que ce dispositif est présenté par le ministre Blanquer comme l’horizon de l’école de demain. Il a déclaré devant le Sénat : « nous avons à penser une place supplémentaire du sport et de la culture à l’école (…) Une contrainte forte peut nous amener à une évolution positive car on avait déjà l’objectif de développer la place du sport et de la culture. Ce qui préfigure cela c’est le 2S2C ».
Pour le moment, les élèves et leurs familles ne sont pas « obligés » de participer aux ateliers installés grâce à des conventions signées avec les collectivités territoriales dans environ 5% des communes. Mais si une nouvelle organisation du temps scolaire est généralisée et mise en place, comme Blanquer l’a clairement évoqué, cela aura forcément des conséquences sur les rythmes éducatifs scolaires mais aussi péri et extrascolaires.
Les intervenants qui encadrent les activités sont payés par les communes (sur qui repose le gros du financement), « accompagnées » par l’Etat, financièrement (110 euros par jour et par groupe de 15 élèves ; un fonds de 250 millions d’euros est prévu). Dans les faits, les services de l’Education Nationales et les services départementaux de la Jeunesse et des Sports feront le lien entre les communes et les associations qui répondront à des appels d’offres pour prendre des parts de marché, aux côtés de prestataires privés.
L’encadrement pourra être constitué de personnels municipaux, d’intervenants associatifs ou indépendants sous statut privé, de professeurs de conservatoires, de professeurs de l’Education nationale. Les parents volontaires et des bénévoles pourront aussi être associés au dispositif.
Ce dispositif s’inscrit dans une série de tentatives pour externaliser certaines disciplines dont la dernière en date était l’accompagnement éducatif.
C’est le retour d’un projet d’une éducation à moindre coût, basé sur une école du socle centrée sur les « fondamentaux » et des compétences basiques, qui abandonne les matières jugées non fondamentales aux collectivités et au secteur privé.
Les enseignants de ces disciplines et les programmes scolaires nationaux y seront remplacés par une série d’intervenants le plus souvent sans formation disciplinaire ou pédagogique et par une juxtaposition d’activités.
Ce dispositif qui semble fait de bric et broc pour répondre dans l’urgence à la réduction des temps de scolarisation liée au protocole sanitaire, va s’il devient pérenne et se développe permettre une territorialisation accrue de l’éducation nationale synonyme d’inégalités et d’adaptation aux publics scolaires.
Les enjeux sont nombreux : l’accès aux équipements sportifs, déjà souvent saturés et insuffisants ; les niveaux de responsabilité entre l’Education Nationale et les collectivités, les prestataires et les bénévoles, non prévus ; les prérogatives de l’Etat et des collectivités avec la manière dont celles-ci vont avoir à investir des pans de mission abandonnés ; la place de l’école qui ne serait plus qu’un lieu parmi d’autres délivrant des savoirs.
Le 2S2C dans sa philosophie et ses modalités est une machine de guerre contre le système éducatif, qui le démantèle un peu plus et accentue les inégalités sociales et territoriales déjà à l’œuvre. Il prospère déjà dans certaines cités éducatives tant il correspond à l’ »écosystème » qui a été mis en place.
Oui à l’ouverture de l’Ecole qui doit développer des enseignements culturels ambitieux pour émanciper nos élèves, démocratiser les savoirs et réduire les inégalités scolaires.
Non au 2S2C, dispositif pernicieux fait pour « dégraisser » !
Guilaine De San Matéo.