élèves allophones, élèves de seconde zone ?

Plusieurs UPE2A ont été créées ces deux dernières années pour répondre au nombre croissant d’élèves allophones dans l’académie. Mais dans un contexte plus global de restriction budgétaire, ces ouvertures se sont faites dans des conditions que les collègues n’acceptent plus.
Définies par une circulaire datant de 2012 (Circulaire n° 2012-141 du 2 octobre 2012 relative à l’organisation de la scolarité des élèves allophones nouvellement arrivés) qui a transformé les anciennes Classes d’Accueil en des dispositifs dits « inclusifs », les nouvelles UPE2A subissent de plein fouet les baisses de moyens qui frappent les établissements de la région. Fort.e.s de leur expérience de terrain, des professeur.e.s UPE2A de la métropole bordelaise se sont constitué.e.s en Collectif UPE2A 33 afin de dénoncer des conditions d’étude et de travail dégradées. Ils tirent la sonnette d’alarme

Des conditions d’apprentissage toujours plus difficiles et une inclusion « low-cost » ?

La circulaire nationale de 2012 ne détermine aucun seuil qui limiterait les effectifs en UPE2A. Dans l’académie, ces dispositifs sont supposés accueillir jusqu’à 24 élèves ! Les classes d’UPE2A regroupent des élèves de tout âge et niveaux confondus, aux parcours migratoires souvent douloureux. Les enseignant.e.s sont unanimes : les dispositifs doivent être limités à 18 élèves maximum. Au-delà de ce seuil, il est difficile, voire impossible, d’assurer un enseignement de Français Langue Seconde (FLS) et un suivi de qualité.

Mais la question des effectifs UPE2A préoccupe également l’ensemble des équipes enseignantes des établissements concernés. A ce jour, les élèves UPE2A ne sont toujours pas compris dans les effectifs prévisionnels des classes ordinaires. Ils viennent donc s’ajouter, au fil de leur arrivée dans l’année, aux effectifs des classes dans lesquelles ils suivront des enseignements en inclusion. Difficile pour les collègues de mettre en place un suivi particulier lorsque leurs classes atteignent déjà 28 voire 30 élèves en collège ! Cette situation a déjà empêché des élèves allophones de s’inscrire dans les établissements pourtant préconisés par le CIO ou, s’ils y étaient affectés, de suivre des enseignements en inclusion.

Compliqué également pour les collègues (en mathématiques et LV particulièrement) de mettre en place des activités différenciées lorsqu’ils accueillent dans leur classe un élève allophone, dont les difficultés ne se limitent pas à la seule maitrise de la langue française. Nombre d’entre eux.elles n’ont pas suivi les mêmes progressions dans leur pays d’origine et il n’est pas rare de voir des élèves UPE2A en classe de 4e ou 3e ne maitrisant qu’un niveau de milieu de cycle 3 en maths. Dans de telles conditions, l’idéal de pédagogie différenciée n’est qu’illusoire… Les profs UPE2A du Collectif UPE2A 33 demandent donc que des horaires fléchés complémentaires soient alloués aux établissements.

Le professeur UPE2A : toujours plus de travail et toujours moins de reconnaissance !

Au-delà des 18 heures d’enseignement inscrites à leur service, les professeurs UPE2A doivent également assurer un véritable travail de coordination au sein de l’établissement. La surcharge de travail est difficilement supportable : gestion quotidienne et remaniement régulier des emplois du temps individualisés, communication permanente avec l’ensemble de l’équipe éducative, l’administration, les familles et les services sociaux, participation aux conseils de classe, suivi et orientation des élèves...

Ce travail de suivi et de coordination, beaucoup plus lourd depuis la transformation des classes d’accueil en UPE2A, n’est pas rémunéré ni même reconnu ! Aucun texte ni circulaire n’y fait référence. La reconnaissance de cette charge de travail est donc laissée à la seule discrétion des chefs d’établissement et les traitements se révèlent très inégaux. Comble du mépris, la récente demande adressée à la DSDEN par le Collectif UPE2A 33 et le SNES d’attribuer à tous les profs UPE2A 1 heure de décharge et l’ISOE modulable est restée sans suite…

« L’école de la confiance » semble avoir oublié sur son chemin les élèves allophones et leurs professeurs. Les professeurs du Collectif UPE2A 33, soutenus par le SNES Bordeaux, interpellent donc l’administration sur l’impératif de prendre en compte les besoins particuliers des élèves allophones et d’améliorer de façon significative les conditions de travail de leurs enseignants.

Maria LARTIGUE
SNES Gironde
et membre du Collectif UPE2A 33
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